Épuisés mais surexcités, nous avons posé nos sacs à Vienne après l’escapade à Budapest, bien décidés à avaler la capitale autrichienne en trois jours chrono. Baroque éclatant, jardins qui apaisent, places où l’histoire affleure à chaque pas : Vienne jongle sans effort entre passé assumé et présent bien vivant.
Voici ce récit viennois : de Schönbrunn aux berges du Danube, en passant par le Belvédère, les rues du centre et une visite mémorable de l’Opéra. Des découvertes culturelles, des flâneries, des moments à partager, bref, un concentré d’âme viennoise.
À l’ouverture des grilles, cap sur le Château de Schönbrunn, star du rococo viennois. La façade jaune pâle, sage comme une carte postale, domine le Grand Parterre tiré au cordeau. On remonte les allées bordées de buis, on s’attarde sur les massifs.
Les fontaines alignées accrochent la lumière du matin, des arcs d’eau dans l’air frais d’avril. On voit au loin la silhouette de la Gloriette, promesse de vue XXL. Sans entrer dans le palais, on goûte déjà l’élégance du lieu et ce style “Sissi” qui imprègne encore Vienne.
On contourne le château et on grimpe la butte de la Gloriette. Quelques marches, et la ville qui s’ouvre peu à peu derrière le parc.
Là-haut, le belvédère néoclassique, colonnes jumelles et fronton sculpté, se détache dans le ciel. Depuis le perron, panorama à 180° : Grand Parterre sous nos pieds, coupole de Karlskirche au loin, toits rouges de l’Innere Stadt. Air frais, lumière douce, conversation qui ralentit d’elle-même.
Retour en ville, on arpente l’Innere Stadt à pied. À Michaelerplatz, face au Hofburg, arcades anciennes et cafés tirés à quatre épingles se répondent. On lève les yeux : statue équestre, façades chargées, pouvoir impérial sur pierre.
Heldenplatz impressionne par ses volumes : d’un côté la Neue Burg, de l’autre la Bibliothèque nationale. Un crochet par la Rathausplatz : terrasses, stands de street-food, familles, étudiants, tout ce petit monde met de la vie entre les monuments. On traverse ensuite les passages du Hofburg pour déboucher sur des ruelles médiévales pleines de charme et d’ateliers où l’on a envie d’entrer “juste pour voir”.
Le second jour, tram direction le Belvédère, ancienne résidence princière devenue musée. Jardins en terrasses, bassins, statues : la mise en scène baroque est parfaite.
À l’intérieur, “Le Baiser” de Klimt cloue sur place : or, motifs, textures, on s’approche, on recule, on y revient. À côté, Napoléon Bonaparte franchissant le Grand-Saint-Bernard en pleine geste apporte un contrepoint très historique. Entre fresques et plafonds peints, la richesse de la cour saute aux yeux : grandeur assumée, élégance partout.
En fin de journée, cap sur l’île du Danube, long ruban vert planté au milieu du fleuve. Les amis nous attendent avec plaid et boissons. Cyclistes qui filent, musique au loin, familles étendues sur l’herbe.
On improvise un pique-nique : spécialités locales, fruits, rires et récits de voyage. Les ponts et la skyline viennoise en toile de fond, la nature au premier plan : le mélange fonctionne. Le soleil descend, la lumière glisse sur l’eau. Fin de journée simple, parfaite.
Le lendemain, visite guidée de l’Opéra d’État de Vienne. Salle somptueuse, acoustique réputée, coulisses pleines d’histoires. Le guide glisse une anecdote : on dit que l’empereur François-Joseph fit grise mine quand l’Opéra de Budapest osa rivaliser en prestige.
On découvre la salle, les loges, les détails architecturaux. En filigrane, toute la tradition musicale de la ville se raconte. C’est beau, c’est précis, ça donne envie de revenir pour une soirée.
Pour boucler la parenthèse, on s’offre une dernière balade dans les rues piétonnes : Graben, Kärntner Straße, passage du Palais Ferstel. Devantures de pâtisseries pleines de strudels, sachertortes, biscuits au pavot. On craque, bien sûr : une part de gâteau, un café viennois, et tout s’aligne.
Le soir, contents et fatigués, direction la gare routière pour le train vers Munich. On refait le voyage : Klimt, la vue depuis la Gloriette, la parenthèse verte de l’île du Danube. Vienne nous aura offert un parcours dense et doux à la fois, entre art, histoire et cette fameuse douceur de vivre impériale.