Au fil de ce semestre, j’ai cherché à m’évader des salles de cours et des écrans en explorant les sentiers de Bavière. Chaque sortie a été une petite aventure, parfois improvisée, parfois attendue, mais toujours riche en contrastes : l’effort et la fatigue face à la beauté des paysages, le silence intérieur face aux pas réguliers, la crainte du vide face à la satisfaction d’avancer. Entre gorges impressionnantes, crêtes aériennes et forêts changeantes, la montagne s’est révélée tour à tour exigeante et généreuse. Dans cet article, je reviens sur six randonnées marquantes : des itinéraires où la technique se mêle à l’émerveillement et où le simple fait de marcher devient une expérience inoubliable.
Parfait pour se mettre en jambes. Le tracé emprunte des sentiers évidents, souples, qui serpentent au milieu des sapins avant d’offrir de petites trouées sur le lac. On avance tranquillement, on papote, on s’arrête pour une gorgée d’eau ou une photo sans se presser. Idéal en famille, avec des amis peu habitués au dénivelé, ou pour une balade “déclic” quand on reprend la rando. On termine souvent les mollets frais… et l’humeur légère.
Un classique entre deux lacs emblématiques. Le terrain est franc, la progression fluide : on enchaîne forêt, clairières, et jolis points de vue sans jamais buter sur une difficulté. C’est l’option facile à partager avec un groupe aux niveaux variés, chacun trouvant son rythme. Et quand on débouche sur Tegernsee, on peut filer tester la luge d’été pour une descente ludique, petit bonus qui fait sourire tout le monde. Retour possible en train ou en bus si vous voulez épargner vos genoux.
Ici, la pente se réveille. Rien de technique, mais ça monte avec constance : de quoi faire battre le cœur et réchauffer les cuisses. On sort de la forêt, on prend de l’altitude, et soudain, le Walchensee se dévoile avec ses teintes presque tropicales. La récompense efface l’effort. À conseiller si vous avez déjà quelques sorties au compteur et l’envie d’un cran au-dessus, sans plonger dans l’engagement pur.
Journée solide. Le dénivelé cumulé impose une vraie gestion d’énergie : hydratation régulière, pauses quand il faut, pied attentif sur les portions plus raides. Le décor gagne en ampleur au fil des mètres, et l’ambiance devient franchement alpine. Une "Ridge walk" très impressionnante. On en revient satisfait, un peu rincé aussi.
Changement total d’atmosphère : place à la gorge, au grondement de l’eau et aux parois qui se resserrent. Le chemin reste accessible, on vient surtout pour l’esthétique du lieu et la fraîcheur qui s’en dégage. Ca perle, ça ruisselle, c’est vivant. Parfait pour une sortie contemplative ou une découverte qui en met plein les yeux sans puiser dans les réserves.
Alpin, pour de bon. Longue approche, gros dénivelé, et des portions où l’on garde la tête froide. Je l’ai faite en solo : sur une section très raide encore enneigée, le risque de glissade était réel. La roche devenait par endroits un peu instable, demandant de tester les prises et de poser les pieds avec soin. La fin ressemble à de la quasi-escalade : on s’aide des mains, on progresse lentement, concentré. Le sommet ? Pas large, presque un perchoir, et cette sensation incroyable d’être suspendu au-dessus du monde, avec le vide qui s’ouvre tout autour. Magique, vraiment. Réservée aux randonneurs très en forme et habitués aux longues journées. Selon la saison, prévoyez l’équipement en conséquence (bâtons, éventuellement crampons légers) et une marge météo généreuse. Ici, gestion de l’allure et lucidité du premier au dernier pas.
Dès que j’ai posé mes affaires à Munich, un nom est revenu sur toutes les lèvres des mordus de montagne : le Schrecksee. Un lac perché à plus de 1 800 m, accroché aux Alpes bavaroises, avec ce petit côté irréel qui s’invite dans la tête et n’en sort plus. Je l’ai vite coché comme objectif du semestre. Mais je n’avais pas envie de la version « sortie en pleine journée ». J’ai préféré l’idée un peu folle : partir dans la nuit pour attraper le lever du soleil. Cette aventure est détaillée dans un article dédié.
| Itinéraire | Distance | Dénivelé positif | Durée | Difficulté |
|---|---|---|---|---|
| Schliersee | 7,71 km | 360 m | 2 h 33 | Facile |
| Schliersee - Tegernsee | 14 km | 600 m | 4 h 34 | Facile |
| Jochberg – Walchensee | 9,41 km | 700 m | 4 h 12 | Intermédiaire |
| Heimgarten | 13,7 km | 1 140 m | 6 h 52 | Difficile |
| Partnachklamm | 15,4 km | 400 m | 4 h 35 | Facile |
| Große Arnspitze | 20,2 km | 1 600 m | 9 h 20 | Très difficile |
| Schrecksee | 24,4 km | 1 390 m | 9 h 53 | Très difficile |
Le Deutschland-Ticket, un abonnement mensuel à prix unique, couvre les trains et bus régionaux comme RB, RE et S-Bahn, mais pas les ICE, IC ou EC. La meilleure fenêtre va de mai à septembre, et en intersaison on guette la neige résiduelle ainsi que les fermetures de sentiers. En été, les orages de l’après-midi sont fréquents, partir tôt apporte de la sérénité. Pour la logistique, viser une arrivée avant 8 h aide à attraper les premiers trains et à profiter des sentiers plus calmes. Beaucoup de refuges prennent encore le cash, glissez quelques billets et pensez à réserver les plus courus le week-end. Côté sécurité, prévenir quelqu’un de l’itinéraire et de l’heure de retour prévue, tester le matériel la veille, frontale et batterie externe incluses, télécharger les cartes hors-ligne, et accepter de faire demi-tour si la météo ou le terrain se gâtent.
Ces randos m’ont appris autre chose que la lecture d’une carte. Apprivoiser le stress quand la trace s’efface, m’adapter quand le plan dévie, faire confiance au groupe, et rendre la pareille. L’Arnspitze en solo m’a rappelé l’humilité. Schrecksee de nuit m’a montré la force d’un effort partagé. Chacune révèle une facette différente de la Bavière. On redescend fatigué mais plus clair, avec des images qui restent, et déjà l’envie de repartir. À force de sentiers et de sommets, une évidence s’installe. J’aime la nature pour de bon, ses odeurs de résine, ses silences qui calment, ses horizons qui s'ouvrent à perte de vue. Elle donne envie d’aller voir plus loin, un peu partout, là où le monde est beau, des crêtes bavaroises aux fjords, des volcans endormis aux chemins côtiers. Chercher ces paysages qui libèrent, qui donnent de l’air et font naître un vrai sentiment de liberté. Repartir encore, découvrir encore, avec le cœur léger.