Pendante deux jours, le Club Hiking du Club International nous a emmenés hors de Munich jusqu’aux rives du Königssee. Trente étudiants, sans réseau, juste la montagne, le lac et l’envie de marcher ensemble. Loin des notifications, l’esprit d’équipe a vite pris le dessus.
Train, bus, bateau, sentier jusqu’à un cirque rocheux, nuit au refuge de Wasseralm, puis un lever de soleil avec le Watzmann drapé de nuages : voici le récit d’une parenthèse simple et forte, taillée pour la contemplation et la déconnexion.
Départ de Munich en début de matinée : un régional qui file vers le sud, puis un bus qui s’accroche aux lacets. À mesure que l’on monte, les forêts se resserrent, les vallées se creusent.
Au terminus, changement d’ambiance : silence du lac, eau bleu profond, silhouettes du Watzmann qui jouent avec la brume. Le décor plante immédiatement le ton : ici, on ralentit.
Pour gagner l’autre rive, on embarque sur un bateau électrique. À peine largués, un guide nous explique différentes histoires sur le lac, puis il sort une trompette : une tradition locale veut que la note renvoie son écho contre les falaises, autrefois, on s’en servait pour se répondre d’un rivage à l’autre.
Le son se répète, plus doux à chaque rebond. Le bateau glisse, l’eau reste lisse. Quelques regards se lèvent vers la roche.
Au loin, la petite chapelle de Saint-Bartholomä se détache au pied d’une falaise. Édifiée au XVIIe siècle, toits rouges et clocher tout en rondeur, elle semble posée là comme une maquette.
L’eau turquoise, la paroi calcaire, l’architecture baroque : le contraste est saisissant. L’endroit appelle autant la photo que le silence.
Sans accoster, on lève les yeux vers le Watzmann, emblème bavarois. De loin, ses arêtes blanches apparaissent, disparaissent, rejouant avec les nuages. L’allure est austère, presque légendaire.
Le guide glisse deux mots sur la géologie du massif et quelques histoires locales. On écoute en regardant les pentes : puissance brute, paysage qui impose le respect.
Le sentier commence au ras de l’eau, puis s’enfonce dans une pinède. Une heure plus tard, on débouche sur un cirque calcaire haut comme un mur. Une cascade jaillit, forme un bassin d’un vert presque irréel.
Les embruns dessinent un fin arc-en-ciel. On pose les sacs, on respire. Odeur de résine, fraîcheur sur la peau : pause méritée dans ce décor spectaculaire.
Sur un replat herbeux, le refuge de Wasseralm. Pas de tente à monter : un dortoir simple, couchettes en bois alignées, sacs posés, c’est réglé.
Dehors, des tables face à la montagne. Dedans, ça mijote. Au menu : soupe de légumes, pâtes au fromage. Rien de compliqué, mais la chaleur du plat et des conversations fait le reste. On partage, on rit, on se sent bien.
La nuit tombe, les dernières braises s’éteignent. Je sors remplir ma gourde. Dans le faisceau de la frontale : un petit groupe de cerfs, immobiles. Nous nous observons sans bouger.
Leurs silhouettes fines, les yeux qui accrochent la lumière, et derrière, le grand silence de la forêt. Quelques secondes suspendues, irréelles, qui valent tous les récits.
Réveil avant l’aube. Le Watzmann ne se distingue même plus, le réveil est brumeux et pluvieux.
Moment à part, sans téléphone, sans hâte. Juste le son de la pluie et une foret qui nous entoure, loins de tout.
Le retour fut assez sportif entre pluie et pente glissante. Chacun garde en tête ses images : le son de la trompette sur le lac, la chapelle minuscule, la cascade, les cerfs dans la nuit.
De retour à Munich, on sait déjà que ces deux jours hors-ligne compteront parmi les temps forts du semestre : nature, simplicité, entraide. Une échappée qui laisse une trace durable.