Trois jours pour un lever de soleil à Hallstatt
Aventure
Nature et authenticité
Voyage en solitaire
5 min read / June 24, 2025
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Introduction

Hallstatt n’est pas un village comme les autres. Classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, il attire des visiteurs du monde entier, happés par ce décor presque irréel : des maisons traditionnelles accrochées à la montagne, un lac sombre comme un miroir, et des sommets abrupts qui referment le tout comme un écrin. Sa réputation a largement dépassé les frontières : de La Mélodie du Bonheur aux inspirations de studios asiatiques, jusqu’au récent spin-off John Wick : Ballerina, Hallstatt a souvent servi de décor ou de muse.

Derrière cette notoriété, mon envie était simple et très personnelle : voir le lever de soleil sur ce village. En juillet, je suis parti trois jours, seul. Au programme : des randonnées, des petits hasards heureux, un concert de village sous la pluie, une marche entière de nuit le long d’un lac… et, au bout, une aube dorée sur Hallstatt. Voici le récit de cette échappée.

1. De Salzburg à Abtenau : un départ en douceur

Le périple commence tôt le matin à Munich, cap sur Salzburg, première étape déjà racontée dans un autre article. Après quelques heures à flâner, je file en bus vers le sud, à la recherche d’un coin plus tranquille. Mon choix se pose sur Tauglries, un endroit discret où une rivière aux eaux translucides serpente entre gorges et forêts.

La baignade y est interdite l’été, pour protéger la faune, serpents, espèces aquatiques, tout ce petit monde fragile, mais c’est un terrain parfait pour marcher. L’air est frais, le clapotis de l’eau apaise, et longer la rivière donne déjà l’impression d’être parti loin.

Le soir, j’arrive à Abtenau où m’attend un hôtel réservé à l’avance. Et là, coup de chance : malgré la taille modeste de la ville, un concert a lieu. Le groupe local Rutabaga reprend des classiques ; la pluie bat, le public se clairseme. Abrité en terrasse, je savoure l’instant : un concert improvisé, dans un village autrichien, seul mais sourire aux lèvres. De ces petits moments qu’on garde longtemps.

Tauglgries Tauglgries
À gauche : le groupe Rutabaga se produit à Abtenau. Au centre et à droite : Tauglgries.
2. Gosausee et Hinterer Gosausee : paysages de rêve

Après une bonne nuit et un petit-déjeuner solide, j’attrape un bus pour le Gosausee. Lac glaciaire, montagnes du Dachstein en toile de fond : carte postale. En descendant, je prends la claque attendue : silence, eau d’un bleu profond, murailles de roches tout autour. L’émotion monte, j’ai la larme à l’œil, et je ne suis pas le seul : un couple du bus aussi.

Je longe le lac, puis continue jusqu’au Hinterer Gosausee, plus petit, plus sauvage. Là, presque seul, je déjeune au bord de l’eau, entouré de canards, avec cette sensation un peu étrange d’être sorti du monde.

Après en avoir fait le tour, je me retrouve vraiment seul. Dans ce décor grandiose, je me jette à l’eau. Surprise : elle n’est pas aussi glaciale que prévu. Je nage quelques minutes dans cette eau limpide, avec l’impression d’un privilège. Peu d’instants m’ont donné un tel sentiment de liberté.

Gosausee Gosausee – Chemin de randonnée vers Hinterer Gosausee
Randonnée entre le Gosausee et le Hinterer Gosausee, avec baignade improvisée.
3. Bad Goisern et le Wand : entre imprévu et contemplation

Retour au Gosausee, puis bus vers Bad Goisern am Hallstättersee. À l’arrivée, je comprends l’afflux de vététistes croisés sur la route : le Salzkammergut Trophy se tient ce week-end-là, l’une des plus grandes courses de VTT en Europe, avec des milliers de participants venus de partout. Encore un hasard qui tombe bien.

Après un passage express au supermarché, je repars en rando vers le “Wand” de Bad Goisern, une curiosité géologique : une arche naturelle dans la roche, comme une fenêtre ouverte sur la vallée et les montagnes. J’arrive en fin de journée. Le soleil décline, dore les crêtes. Je reste longtemps à regarder. Un petit chat vient me tenir compagnie avant la descente, clin d’œil parfait pour boucler la soirée.

Hallstatt, 2025-07-12 18:29 Hallstatt, 2025-07-12 18:37
Vue sur Bad Goisern depuis le Wand.
4. Une marche de nuit jusqu’à Hallstatt

Cette nuit-là, pas de lit. Les prix des hébergements, gonflés par l’événement, rendent l’option compliquée. Et puis, pour voir le lever de soleil sur Hallstatt, il faut être là avant l’aube. Alors je tente le pari : marcher toute la nuit, lampe à la main, en longeant le lac jusqu’au village.

Départ à 23 h, atmosphère paisible. Le sentier est clair, avec le lac noir et silencieux d’un côté, des champs et quelques maisons endormies de l’autre. La fatigue finit par s’installer, surtout en approchant Obertraun, dernière étape avant Hallstatt. Les pieds chauffent, chaque pas pèse un peu plus. Mais l’idée fixe reste là : arriver avant l’aube.

Quand les premières maisons apparaissent, vides, silencieuses, je sens la satisfaction me gagner. Ce village d’ordinaire bondé m’appartient quelques minutes.

5. Le lever de soleil sur Hallstatt

À 4 h 20, première photo. Le lac est lisse, la silhouette du village se découpe dans la nuit. D’autres curieux arrivent peu à peu, dont un photographe pro. Le spot est connu, mais à cette heure-ci, on n’est qu’une poignée. On se tait, on écoute les déclencheurs.

J’attends plus de deux heures, sans bouger, à regarder la lumière changer. Le soleil passe les sommets ; les maisons prennent une teinte d’or, le ciel rosit, l’eau renvoie tout ça. Pas un nuage, pas un souffle : conditions de rêve. Avec un simple téléphone, j’ai tout de même réussi à saisir l’instant, même si, soyons honnête, rien ne remplace ce qu’on ressent sur place.

Vers 7 h, Hallstatt s’embrase enfin. Après l’effort, le moment a un goût de rêve coché.

Hallstatt
Levé de soleil à Hallstatt
Conclusion

Mon bus pour Munich part à 9 h. Je suis lessivé, les pieds en feu après ces nombreuses randonnées, sans compter le dénivelé, mais le cœur est léger. Comblé.

Ces trois jours m’ont offert bien plus qu’une parenthèse touristique. C’était une expérience initiatique : apprendre à voyager seul, découvrir ce que la marche de nuit fait au corps et à la tête, partager un lever de soleil avec quelques inconnus, s’émerveiller devant des paysages d’une beauté brute.

Hallstatt, pour moi, restera le symbole de cette envie de liberté, d’effort et de contemplation. Et il a réveillé quelque chose d’assez simple : l’envie de repartir. Seul, plus longtemps, ailleurs. Avec la même curiosité, le même émerveillement.

Tracés et itinéraires
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